Quand le chauffage fait feu de tout bois

Le Bois énergie s’affiche partout. Avec 500 000 appareils de chauffage au bois vendus chaque année et une prévision de 9 millions de foyers équipés à l’orée 2020, nul ne peut en ignorer les atouts et les fabricants font feu de tout bois pour nous proposer des produits toujours plus innovants, plus performants et de plus en plus beaux. Il ne vous reste plus qu’à choisir !

Lorsque le feu de cheminée renaît de ses cendres

Si, ces dernières années, les poêles à bois (bûches ou pellets) ont occupé le devant de la scène, c’est au tour de la cheminée et de ses nouveaux inserts à haut rendement, de capter toutes les attentions. Il était temps car, à compter du 1er janvier prochain, l’utilisation des foyers ouverts sera totalement interdite. Inserts et foyers fermés affichent désormais des rendements de plus de 80 % à peine moins bons que ceux des appareils à granulés. En prime, le plaisir visuel de l’irremplaçable feu de cheminée : ses bûches rougeoyantes et ses crépitements.

Comment ça marche ?

L’insert est encastré dans le foyer ouvert de la cheminée. Il possède une double peau qui assure la circulation de l’air ambiant tout autour de lui et permet le transfert de chaleur. Le foyer fermé s’adresse aux logements sans cheminée ; il ne s’agit, ni plus ni moins, que d’un poêle, habillé tel une cheminée, que l’on raccorde à un conduit d’aération. Insert et foyer fermé récupèrent l’air frais en partie basse et renvoie l’air chaud par le haut. Ils chauffent par convection et par rayonnement grâce à leur vitrage en vitrocéramique.

Leurs atouts ?

De nombreuses innovations ont été mises au point, depuis le nettoyage automatique de la vitre et du foyer, au système de récupération de chaleur pour réchauffer d’autres pièces de l’habitation. Mais leur point fort, c’est la qualité de la combustion car ces appareils présentent différentes technologies de haut vol comme la double combustion, le filtre céramique ou encore une chambre de combustion avec triple enveloppe.

Quelle implantation ?

Historiquement, la cheminée est installée au cœur de la pièce la plus fréquentée. De nos jours, il s’agit de cette fameuse «  pièce à vivre  » qui regroupe salon et espace à manger voire la cuisine. Cet emplacement, généralement au centre du logement convient autant à l’insert qu’au foyer fermé dont on pourra même redistribuer la chaleur dans les autres pièces par le biais de conduits dissimulés dans les doublages de murs ou de plafonds.

Quel dimensionnement ?

La puissance minimale de l’appareil dépend du volume de la pièce dans laquelle il est installé. Il faut égalment tenir compte de l’isolation du bâtiment et de la température extérieure. Tout comme pour le poêle à bois, un appareil sous-dimensionné n’apportera pas le confort thermique nécessaire et un appareil surdimensionné coûtera plus cher à l’usage avec une surconsommation de combustible, un encrassement plus important et des risques de départ de feu. Le confort s’en trouvera également altéré avec des risques de surchauffe dans la zone avoisinant l’équipement.

À bûche ou à pellets, en appoint ou comme chauffage principal, les poêles ne sont pas en reste

Mais il est de bon de rappeler que la RT 2012 ne prend aujourd’hui en considération que les poêles à bois pellets pilotés par une régulation (avec thermostat intégré). La réglementation thermique impose, en effet, aux équipements de chauffage d’avoir la capacité de s’arrêter et de réguler leur puissance, ce qu’il est impossible d’obtenir d’un poêle à bois bûche. La RT 2012 impose en outre, un système de conduits adaptés et complètement étanche ayant un avis technique précis. Rien n’est laissé au hasard pour avoir un matériel à la fois performant et confortable. Il est, bien sûr, toujours possible de placer un poêle à bois bûche, dans une maison RT 2012, mais ces appareils sont considérés comme des appoints de confort.
Ils ne sont pas comptabilisés dans le bilan thermique (DPE). Tous les fabricants sont aujourd’hui, à même de proposer des poêles étanches à intégrer aussi bien en logement RT 2012, qu’en maison passive. Il s’agit d’équipements à circuit d’air fermé dont la fonction est d’assurer le très faible besoin en chauffage d’un habitat bien isolé sans aspirer l’air intérieur nécessaire au bon fonctionnement de la VMC double flux (risque de dépression). Constitués d’une chambre de combustion étanche, ils ne possèdent pas d’entrée d’air en façade. L’alimentation est assurée par un conduit qui va chercher l’air à l’extérieur du bâtiment. Il est aussi possible d’utiliser un conduit double flux : le conduit central évacue les fumées, le conduit extérieur alimente le foyer en air. Moyennant quoi, ce type d’appareil ne nécessite qu’une faible puissance, de 2 à 6 kW seulement (avec une moyenne de 5 kW pour 140 m² en construction RT 2012), pour un très haut rendement entre 81 et 89 %, jusqu’à 91 %. Autre contrainte de la RT 2012, l’équipement à granulés de bois ne peut être considéré comme chauffage principal que dans la limite de 100 m² par appareil, s’il couvre au minimum 50 % des besoins de chauffage du bâtiment. L’article 24 de l’arrêté du 26 octobre 2010 (RT 2012) précise que « lorsque l’intégralité du chauffage est assurée par […] un appareil indépendant de chauffage à bois, ce dispositif peut être commun à des locaux d’une SURT (surface utile réglementaire) totale maximale de 100 m² ».

Bûche ou pellet ?

Quelle que soit la forme du bois utilisé, son taux d’humidité est essentiel ; il doit être inférieur à 20 % pour le bois bûche et afficher moins de 10 % pour les pellets. Il est primordial d’utiliser un bois bien sec pour optimiser le fonctionnement de l’appareil, afin de permettre au feu de prendre et de dégager de la chaleur à la combustion. À l’inverse d’un bois humide dont la combustion ne permettra que l’évacuation de l’eau qu’il contient, sans beaucoup chauffer. En outre, un bois humide contribuera à encrasser l’appareil, tout comme il libèrera dans l’atmosphère des fumées polluantes. Le choix de l’essence de bois est tout aussi important. Le pouvoir calorifique du bois bûche varie en fonction de la nature du bois car les différentes essences n’ont pas les mêmes pouvoirs énergétiques. Les feuillus dits «  bois durs  » (chêne, charme, hêtre, érable, etc.) permettront d’obtenir de meilleurs rendements que les feuillus dits «  tendres  » (aulne, peuplier, tilleul, etc.). Le bois bûche issu de résineux (douglas, épicéa, sapin, etc.) doit être limité car sa résine encrasse le conduit de fumée. Alors, bois dur ou sciure de bois (sans colle ni additif) ? En sachant que l’alimentation d’un chauffage à bûches est manuelle, tandis que l’alimentation en granulés est automatique, l’un comme l’autre nécessitent un lieu de stockage. Si les rondins peuvent être conservés sous abri, à l’extérieur de l’habitat, ce n’est pas le cas des granulés. Le bois pellets est un combustible à mettre impérativement à l’abri de l’humidité. Visuellement, la flambée de bois bûche l’emporte haut la main, mais il est incontestable que le bois pellets possède une bien meilleure qualité de combustion, doublée d’un pouvoir calorifique extrêmement performant. Quant au prix, le coût moyen correspondant à une consommation de 10 000 kWh (source HS France) est estimé à 450 € en bois bûche (pour 3,4 T) et à 510 € en pellets (pour 2,1 T). En énergies fossiles, cette même consommation correspond à un budget de 700 € en gaz naturel (pour 1000 m²), 980 € en fioul (pour 1000 l), ou encore 1 260 € (pour 10 000 kWh) en électricité. À ce jour, le prix d’achat moyen pour une stère de bois bûche tourne autour de 70 €, en fonction de la taille des bûches ( 25 cm - 33 cm - 50 cm ),celui d’une tonne de granulés, 250 € auquel il convient d’ajouter un complément pour le branchement électrique de l’appareil.

Certifications bois bûche et pellets

Les professionnels du label Flamme Verte recommandent d’utiliser du bois bûche provenant d’entreprises engagées dans des démarches de qualité. Il existe une certification et une marque en France pour le bois bûche de qualité :
– La certification «  NF Biocombustibles solides – bois de chauffage  », appartenant à l’AFNOR et gérée par le FCBA qui assure au consommateur un bois bûche de qualité depuis son façonnage jusqu’à la livraison chez le consommateur (longueur, humidité, essences de bois utilisées, etc.).
– La marque «  France Bois Bûche  » : des entreprises françaises qui s’engagent à encadrer des entreprises via une démarche de qualité des produits et des services concernant la vente de bois de chauffage.
L’utilisation de granulés de bois certifiés dans les appareils, est, également, vivement recommandée. La certification apporte la garantie au consommateur que les granulés de bois répondent aux bons critères concernant : le taux d’humidité, le taux de cendres, le rendement calorifique, etc.
Aussi, trois certifications issues de la norme européenne (EN14 961-2), existent en France :
«  NF Biocombustibles solides – Granulés  » : appartenant à l’AFNOR
et gérée par le FCBA ;
«  DINplus  » : gérée par l’organisme allemand «  DIN Cer tco  » très répandue en Europe ;
«  EN plus  » : gérée par l’European pellet council (EPC), très répan due dans le monde.
En 2012, sur une production de 700 000 tonnes, 95 % de la production hexagonale était certifiée.

Le saviez-vous ?

Plaisir et haut rendement, comment mieux définir ces cheminées nouvelles versions et ces poêles toujours plus vitrés ? Certains y rajouteront quelques étoiles, une Flamme Verte et un étiquetage énergétique on-ne-peut-plus explicite ; ainsi qu’un prix, entre 1 000 et 4 000 € pour un insert / foyer fermé, entre 600 et 6 000 € pour un poêle à bois, à partir de 2 500 € pour un équipement étanche. De quoi redonner l’envie de s’endormir au coin du feu…
Source Architecture bois magazine, Numéro 63, Août-Septembre 2014
Texte : Mireille Mazurier
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