L’auto-construction

L’auto-construction, une véritable aventure

La France est le pays des bricoleurs… Notre goût pour le travail manuel et pour le bel ouvrage fait partie de notre culture et n’en finit pas de sidérer les étrangers. Ultime figure de ce patrimoine national : l’auto-construction. L’aventure est tentante : construire soi-même sa maison bois, c’est renouer avec ses rêves d’enfant et ses souvenirs de cabanes ; c’est aussi accéder à la propriété au meilleur prix. Cela paraît facile, rapide et peu cher.Seulement voilà, pour que le rêve ne vire pas au cauchemar, il faut prendre toute une série de précautions et ne pas oublier d’aller voir son banquier, son assureur, sa mairie… Itinéraire d’une aventure moderne.

Votre décision est prise ! Vous allez construire de vos propres mains la maison bois de vos rêves. Vous êtes motivé par des questions de budget ; l’auto-construction étant le moyen le moins onéreux d’accéder à la propriété (600 à 1 200 € le mètre carré, hors prix du terrain). Vous êtes intéressé aussi par la démarche qui allie retour aux sources et respect de l’environnement. Et vous êtes convaincu par les progrès de la filière bois qui vous assure une grande variété de modèles et des pièces parfaitement usinées par des machines numériques.

Votre choix est judicieux. Mais attention !
À ce stade, vous n’êtes plus un simple acheteur ou un bricoleur du dimanche, vous devez vous considérer désormais comme un maître d’oeuvre et un maître d’ouvrage.

Vous devez d’abord vous demander si vous êtes bien prêt à assumer des responsabilités aussi importantes, en termes de disponibilité, de compétences et de conséquences sur votre vie familiale et professionnelle.

Vous devez ensuite mesurer l’importance des moyens à mobiliser, qu’il s’agisse d’outillage ou de gros engins (grue, véhicule de transport, de manutention…). Vous devez enfin calculer sérieusement les délais de commande, de montage du dossier, de livraison et de construction et la date butoir
d’emménagement.

Kit ou auto-construction complète ?


L’auto-construction peut prendre toutes les formes. Que vous fassiez tout, des plans au gros oeuvre, ou seulement les finitions intérieures, vous serez considéré comme autoconstructeur. De la même façon, l’auto-construction bois pourra aussi bien se faire en ossature bois qu’en madriers, en poteaux-poutres ou en fustes, et les démarches seront les mêmes.

Les puristes construiront leur maison de A à Z : ils réaliseront la conception architecturale, iront chercher leurs documents administratifs (certificat d’urbanisme, permis de construire, raccordement…), se fourniront directement dans une scierie, puis assureront le gros oeuvre, les finitions et l’agencement.

Les plus raisonnables achèteront des kits. Ils feront ainsi appel à des professionnels pour leur livrer l’ensemble des éléments correspond pondant aux plans qu’ils auront choisi ; les entreprises leur feront souvent bénéficier en prime de conseils de pose, voire d’une aide pendant quelques jours. La gamme des kits s’est élargie : système le plus répandu pendant longtemps, le madrier est désormais devancé par les ossatures bois. Leur conception permet de répondre plus facilement aux exigences de la nouvelle réglementation thermique RT 2012 (obligatoire pour une construction neuve depuis 2013), tout en ménageant les budgets : comptez autour de 1 000 € par m².

L’avantage du kit, c’est évidemment le gain de temps : les pièces à assembler sont numérotées selon un manuel de montage très précis. En quelques jours, la maison peut être hors d’eau / hors d’air. Il suffit d’être bien entouré et bien équipé en matériel de levage.

Première étape : l’assureur

En France, les professionnels du bâtiment apportent, en plus de leur savoir-faire, une garantie décennale pour tous les travaux qu’ils réalisent : ils doivent ainsi réparer pendant ; dix ans tous les dommages qui compromettent la solidité de leur construction ou qui la rende impropre à son utilisation. Le propriétaire (ou le maître d’ouvrage) doit, lui, souscrire une assurance dommages-ouvrage qui fera office de bureau payeur en cas de malfaçon et qui se retournera ensuite contre l’assurance décennale du professionnel. Or, en cas d’autoconstruction complète, le commanditaire des travaux et le constructeur étant une seule et même personne, aucune garantie décennale ne pourra être mise en oeuvre. Et, sans décennale, pas d’assurance dommages-ouvrage possible. Nous sommes en plein vide juridique.

L’auto-constructeur pourra quand même aller au bout de son projet : en cas de sinistre, il sera seul à assumer les réparations des dommages. De même, si le logement est vendu avant les dix ans suivant sa construction, sa responsabilité pourra être engagée par l’acheteur. Votre assureur sera beaucoup plus compréhensif dans le cadre d’une auto-construction partielle, pour laquelle il y aura intervention d’hommes de l’art (maçonnerie, plomberie, électricité…), munis de leur précieuse décennale. Une assurance dommages ouvrage coûte en moyenne 6 000 € pour une maison de 150 000 €. Les prix varient selon les compagnies d’assurance, mais le service est standard. Si un assureur refuse de couvrir les dommages, que ce refus soit implicite (pas de réponse) ou explicite, il peut être judicieux de se retourner vers le Bureau Central de Tarification (BCT) dans les 15 jours suivant ce refus. Enfin, il est indispensable que l’auto-constructeur contracte une assurance responsabilité civile (pour se protéger en cas d’accident sur le chantier), ainsi, qu’une bonne mutuelle.

Dernier point important : en cas de sinistre, l’assurance enverra un expert dont la première tâche sera de vérifier si
le dommage peut être imputé à un non-respect des fameux DTU, les règles de l’auto constructeur…

Deuxième étape : le banquier

C’est le principal obstacle à franchir dans l’aventure de l’auto-construction : l’obtention d’un financement. Car les banques demandent un dossier bien monté et un maximum d’informations. Il faut montrer que l’on a conscience des contraintes d’un tel chantier et que l’on a bien pensé son organisation. Dans le cas d’une auto construction complète, la banque vous demandera de signer une décharge précisant que vous ne possédez pas de dommages-ouvrage.

Troisième étape : la mairie

L’achat d’un terrain, qu’il soit isolé ou en lotissement, doit faire l’objet de quelques vérifications. Un terrain isolé vous obligera à faire des démarches auprès des services de la mairie : vous demanderez un certificat d’urbanisme pour confirmer le caractère constructible du terrain, vous consulterez les plans d’occupation des sols pour en savoir plus sur les règles de construction du terrain, vous devrez effectuer un bornage (délimiter le terrain) et vérifier la nature du sol pour connaître le type de fondation le plus approprié à l’assainissement, le soubassement, l’élévation des murs et le coût des branchements aux réseaux d’eau et d’électricité.

Pour un terrain de lotissement, donc viabilisé et constructible, il vous faudra consulter le PLU (Plan Local d’Urbanisme), qui déterminera les plans de votre habitation puisqu’il vous imposera un COS (Coefficient d’Occupation des Sols), une pente de la toiture et des contraintes architecturales (matériaux, couleurs, hauteur maximale, etc). Il vous faudra ensuite, un permis de construire. Pour cela, vous pouvez vous faire aider par un architecte, un CAUE (ordre des architectes) ou une association, pour un budget de 2 500 et 4 000 €
avec les plans.

La connaissance des règles d’urbanisme nationales (RNU) et locales (PLU) est en effet indispensable pour éviter un refus par la mairie. Dans certains cas, il conviendra de consulter l’architecte des Bâtiments de France ; dans d’autres, c’est la loi « paysage » qui vous obligera à intégrer la maison dans son environnement.

Votre demande devra respecter aussi la réglementation thermique. Celle-ci vous impose une bonne orientation bioclimatique, un certain niveau d’isolation (BBC – RT 2005), la réduction des ponts thermiques, une étanchéité à l’air conforme, la présence de masques pour le confort d’été (TIC), un chauffage conforme à votre région, un système d’eau chaude sanitaire sans effet joule direct et au moins 17 % de parois translucides. Vous devrez joindre une attestation d’engagement à respecter la RT 2012 et une étude thermique.

En fin de chantier, vous devrez fournir un test d’infiltrométrie (étanchéité à l’air) et une attestation du Ministère de l’Égalité des Territoires et du Logement validant l’étude thermique.

En matière de stationnement, il est fréquent de prévoir deux places de stationnement sur le terrain. Tous les réseaux doivent figurer sur les plans : eau potable et évacuation, même si l’habitation doit être équipée de toilettes sèches. Une fois le dossier déposé en mairie, il faudra attendre entre deux et trois mois. Dès l’obtention du permis de construire, ce dernier devra obligatoirement être affiché pendant deux mois sur le terrain, ainsi qu’à la mairie pendant huit jours. C’est le temps qu’il vous faudra pour commander et recevoir les éléments de votre auto-construction. Au cours de ces deux mois d’affichage, la légalité du permis de construire peut être contestée par un tiers. Dans ce cas, l’auteur du recours est tenu de vous en informer au plus tard 15 jours après le dépôt du recours.

Prêt ? Construisez !
Vous avez mûri votre réflexion et avez franchi tous les obstacles. Vous êtes maintenant prêt pour l’aventure de l’auto-construction. Encore un effort ! La maison de vos rêves est à portée de main…

Texte : Mireille Mazurier

2 réflexions sur “L’auto-construction”

  1. Bonjour!
    Pourriez vous indiquer vos sources quant au prix au m² moyen en auto-construction?
    Deuxième chose, en cas de construction neuve c’est la RT 2012 qui est applicable…

    1. Les prix au m2 indiqués dans les articles, sont proposés par les professionnels de la constructions bois interviewés dans le sujet. Ils peuvent varier selon la techniques de constructions, et le niveau de service.
      La RT 2012 est applicable pour tous bâtiments depuis le 01 01 2012.

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