Capforest, le pin des Landes à l’université de Bordeaux 1

Capforest : une structure tout en bois, du pin maritime des Landes et une démarche environnementale exemplaire sont les grandes lignes du projet de l’atelier GIET Architecture, associé à Matthieu de Boussac, retenu par l’université de Bordeaux pour la restructuration et l’extension d’une halle, située sur le campus de Talence.


Architecte et ingénieur, spécialisés dans les constructions bois tant dans la création de projets que de leur exécution, Stéphane Giet et sa partenaire Laurence Krupa constituent une équipe très complète autour du projet : bureau d’études thermiques et électricité, consultant HQE, bureau d’étude bois, ingénieur en structure béton. « Dès le départ, les tâches ont été très précisément réparties. Nous souhaitions conserver l’existant, créer du foncier en exploitant du volume tout en limitant les coûts. Pour nous, le bois tombait sous le sens sur le plan technique et environnemental, mais, en Aquitaine, il signifie bien plus que cela. C’est l’une des composantes économico-historiques de la région ; et ce plateau technique lui serait dévolu ». Le bâtiment  se compose de trois étages en équerre ainsi que d’une structure industrielle métallique datant des années 1970. Cette dernière, dédiée à la recherche dans le domaine du bois et de sa transformation, est située le long de la voie du tramway. C’est elle qui va faire l’objet des travaux.

Pour redonner au bâti une visibilité, tout en lui conservant sa dalle d’origine, son ossature métallique et sa partie maçonnée sur la cour intérieure, l’intervention proposée, par l’équipe de maîtrise d’œuvre, va s’appuyer sur une démarche environnementale, cohérente par rapport à la région et, au final, originale « puisqu’il s’agit de voir dès l’extérieur, ce qui se fait à l’intérieur ».


C’est ainsi que le projet fait la part belle au bois. A commencer par l’ossature pour recouvrir la structure métallique existante : 650 m² pour les murs de la halle sur lesquels sont fixés le pare-pluie (Stamisol FA), 240 mm de laine de roche, puis le parement intérieur en OSB brut. La charpente n’est pas en reste avec 64 m3 de poteaux et arbalétriers en épicéa abouté (classe II) en 13 m de long pour certains éléments. Pour la toiture, tous volumes confondus, le projet nécessite 1250 m² de panneaux triplis finis, avec contreventement, une isolation en 140 mm et une étanchéité bicouche. Enfin les façades, subtiles vitrines du lieu, sont habillées par 70 m3 d’éléments horizontaux en pin maritime traité autoclave classe IV et pigmenté en brun.  « Notre propos est de reconstituer le process de transformation que le bois va subir dans les ateliers, en intégrant les différents degrés de finition ».



Face à la voie du tramway, plein sud, les nouvelles halles grignotent l’espace restant pour être réparties en trois volumes reproduisant les trois phases du travail du bois identifiables au premier coup d’œil.


EXTENSION 1 : profondeur : 5 m,
surface : 86 m², hauteur de façade : 6 m ;

EXTENSION 2 :profondeur : 7 m, surface : 210 m² , hauteur de façade  : 7,70 m ;

EXTENSION 3 : profondeur : 8,50 m, surface : 110 m², hauteur de façade : 9,10 m ;


A l’est du bâtiment, en regard de l’endroit où les bois sont livrés et entreposés, la façade est constituée de dosses, c’est à dire de simples planches de bois brut (de section 240×70 mm) grossièrement débitées, dont on conserve une face bombée et encore couverte d’écorce de la grume. Ces dosses sont simplement posées sur de petits tasseaux, exactement comme sur les lieux de stockage. La halle suivante, correspondant à l’atelier de sciage, bénéficie d’un bardage, toujours horizontal, plus travaillé, à partir de madriers usinés (en 220 x 70 mm), rabotés et coupés en deux. Enfin, le dernier bâtiment, dévolu aux produits finis, présente la façade la plus ouvragée, recouverte d’une résille de bois, en produits plus légers (70 x 70 mm). La rénovation intervenant au lendemain de la tempête de janvier 2009, les 70 m3 de pin maritime nécessaires proviennent d’arbres déracinés.


Ce nouveau visage, bien qu’esthétique, est également très fonctionnel. Orientée plein sud, la façade fait l’objet d’une étude d’ensoleillement afin de pouvoir rentrer des calories en hiver, mais aussi de casser les rayons du soleil en été. La profondeur des avant-toits de 2,10 m et la section des éléments de bardage en 220 x 70 mm sont calculées en conséquence.


A l’arrière de ces 800 m² d’ateliers et autres lieux de stockage, un bâtiment complémentaire, de moindre importance, vient s’emboîter depuis la cour intérieure et permet d’accéder aux futurs plateaux techniques de l’étage. Le rez-de-chaussée de la partie existante en maçonnerie (avec étage en surélévation en ossature bois) est construit en parpaings creux de 200 mm et isolé par l’extérieur par un mur manteau en ossature bois avec remplissage en laine de roche. Sa façade se distingue par un bardage en Eternit posé sur une lame d’air de 50 mm.

A l’intérieur des volumes, 1 350 m² d’OSB compartiment les pièces. Très lumineux, tant à l’étage qu’au rez-de-chaussée, les nouveaux locaux se jouent des températures : la forte inertie du plancher bas (20 cm de béton isolé en périphérie avec 7 cm d’isolant vertical), les menuiseries extérieures en pin douglas certifié FSC (U=1,3W/m²k) et double vitrage 4-16-4 argon, sont  associées à une ventilation naturelle nocturne : l’ouverture des châssis a lieu en partie basse de façade et sous la charpente en partie haute des halles. Une ventilation double flux est installée dans les bureaux qui sont équipés de radiateurs tandis que les halles sont chauffées par aérothermes.

 


« L’université de Bordeaux 1 nous a soutenus dans l’avancée du projet. Nous avons pu expérimenter les poutres composites de type «  solivium  » de grande portée, ainsi que différents bardages extérieurs. »

Le bâtiment est désormais terminé et l’emménagement devrait avoir lieu dans quelques semaines. Il offre 1669 m² de SHON pour un budget de 1,6 million d’euros HT, soit environ 1 000 € le m²  (démolition avec désamiantage de la toiture fibro-ciment y compris); le bilan carbone du chantier (un chantier propre) s’est révélé extrêmement positif.

 

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