Congrès Woodrise : le bois s’enracine à Bordeaux

Bordeaux accueille le congrès Woodrise, du 12 au 15 septembre, le premier congrès mondial sur les immeubles bois de moyenne et grande hauteur. Véritable challenge pour la filière bois, cet événement devra démontrer aux professionnels et au grand public tous les atouts de la construction bois.

C’est une première mondiale et l’institut technologique FCBA, co-organisateur du salon avec le FPInnovations et le Building Research Institute et le concours d’Adivbois, sait que l’attente est très forte.

« Personne n’avait eu le courage d’organiser ce congrès, alors qu’il y a un véritablement engouement pour la construction bois. Nous partons de zéro mais les réactions sont déjà très positives ! Notre salon de 3000m² est complet avec 80 exposants attendus, et d’après nos estimations, nous devrions accueillir plus de 1000 visiteurs par jour. Notre objectif est de parler à tous », souligne Patrick Molinié, responsable développement construction du FCBA.

Congrès Woodrise : une dynamique en faveur du bois

Le développement des territoires bas carbone, et le lancement du concours Adivbois en février dernier a permis d’enclencher une belle dynamique en faveur du bois.  Pour rappel, le concours AdivBois dévoilera ses premières équipes lauréates au cours du congrès Woodrise. Il prévoit de doter la France d’immeubles bois de 10 niveaux et plus sur 24 sites répartis dans 12 des 13 régions métropolitaines françaises. 9 sites s’inscrivent dans le cadre du Concours National ADIVbois, piloté par le PUCA, et 15 sites s’inscrivent dans une démarche de concours local, en partenariat avec ADIVbois. Chaque équipe a reçu un vade-mecum , une synthèse des études et travaux menés par les commissions AdivBois sur la construction bois. Ainsi, selon le rapport de l’INSEE, ce sont 25 millions d’habitants qui sont concernés par les Immeubles à Vivre Bois sur les aires urbaines. Et l’utilisation du bois dans la construction devrait encore progresser.

« De plus en plus d’acteurs, promoteurs, architectes, constructeurs ou ingénieurs, choisissent ainsi le bois pour concevoir des bâtiments de 6 à 20 étages. Cette tendance, qui prend corps partout dans le monde, démontre, au-delà de la prouesse architecturale, combien le bois peut s’adapter de façon durable et performante à des projets variés, valorisant au mieux ses caractéristiques en mécanique, acoustique et performance au feu », confirment les organisateurs.

Selon la dernière enquête nationale de la construction bois, publiée en mai dernier, près de 9 000 logements collectifs ont été construits en bois en France, en 2016 (contre 5 220 en 2014), soit une hausse de 72 %.  Les réalisations intègrent de manière prépondérante des solutions mixtes bois-béton ou bois-métal. Elles se trouvent principalement en région Auvergne-Rhône Alpes, Île-de-France et Nouvelle-Aquitaine, pionnières en la matière.

À Bordeaux, l’Etablissement Public d’Aménagement Bordeaux-Euratlantique s’est engagé dans le cadre de l’Opération d’intérêt national à consacrer un volume minimum de surface plancher en bois construction (structure et enveloppe – hors parement) de l’ordre de 25 000 m2 par an.

Trois tours en bois doivent déjà voir le jour. Le premier projet « Perspectives » est un immeuble de bureaux, à ossature bois de 7 niveaux qui culminera à 30 mètres de hauteur. Imaginé par l’agence d’architecture Laisné Roussel, le bâtiment tertiaire sera livré au 1er trimestre 2018, au pied du futur pont Jean-Jacques Bosc, et géré par le promoteur Pichet. Il visera les certifications « BREEAM Very Good », « CERTIVEA HQE » et « Label Pilote BBCA 2016 ».

Dans le cadre de l’appel à projets pour l’îlot 8.4 du quartier Saint-Jean Belcier, à proximité de la gare, deux autres tours en bois sont programmées. La Tour « Hyperion », projet porté par le maître d’ouvrage Eiffage Immobilier Atlantique et l’architecte Jean-Paul Viguier et associés à la maîtrise d’œuvre, fera 50 mètres de haut, avec 17 étages. Enfin, le projet « Silva », porté par le maître d’ouvrage Kaufman&Broad et Art&Build Studio Bellecour à la maîtrise d’œuvre, s’implantera sur une parcelle voisine. Il sera composé de 3 ensembles de logements certifiés NF Habitat HQE, de bureaux labellisés Breeam « Very good », de commerces et d’un parking en silo. La Tour Silva développera 18 étages sur 50 mètres de haut et avec une structure primaire à colombages géants. Le programme prévoit également 700 m2 de terrasses-jardins suspendus et de jardin en pleine terre.

Si ces exemples fleurissent en France, ils appartiennent encore au domaine de l’exceptionnel. La part de marché des logements collectifs construits en bois reste faible, à 4,0 % en 2016.

 « Aujourd’hui 90 % des immeubles de grande et moyenne hauteur sont construits en béton et/ou en métal. Le segment du bois ne pèse pas beaucoup sur ce marché. Or, d’un point de  vue technique, la filière bois a évolué et peut offrir des solutions industrialisables, en lien avec la volonté des collectivités de construire des villes durables, bas carbone », précise Patrick Molinié, citant l’ossature bois, le CLT, le système poteaux-poutre, l’exosquelette (dont le colombage est l’ancêtre) pour conquérir le marché.

Innovations technologiques et potentiel de la filière

Afin de promouvoir l’utilisation du bois, le congrès Woodrise met au programme trois plénières majeures consacrées, à l’influence des politiques publiques sur le développement du bois dans le collectif, l’innovation technologique, et le potentiel de développement économique de cette filière. Quatre sessions viendront aussi étayer les propos autour de la ressource forestière, la performance acoustique, la prévention des risques sismiques et la sécurité incendie. Un tramway du bois (ligne C) permettra aussi au grand public, à travers des expositions pédagogiques et des halls d’expositions dans plusieurs quartiers, de se familiariser avec les différents types d’immeubles en bois.

Cet événement sera aussi l’occasion de partager les savoirs, avec différents acteurs internationaux. Plusieurs délégations sont attendues, en provenance du Canada, du Japon, de la Belgique, de la Suisse, de l’Allemagne, de la Colombie ou encore Chili. « Chaque pays a des réglementations différentes à respecter et s’intéresse à des problématiques qui leur sont propres. Nous avons par exemple beaucoup à apprendre du Japon, très en avance sur les questions sismiques et le feu, moins sur l’acoustique et l’énergie », détaille Patrick Molinié. À trois mois de l’événement, le directeur est formel : il y aura forcément une suite à cette première mondiale… Le Canada est pressenti comme le prochain pays d’accueil, en 2019, avant le Japon en 2021.

Retrouvez nous en live aujourd’hui sur Twitter à partir de 16 H pour l’annonce des lauréats d’AdivBois et l’ouverture officielle du Congrès Woodrise à Bordeaux !

Texte : Claire Thibault – Photo : Tour Silva – Art & Build – Studio Bellecour

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