Maisons en rondins de bois : « Je n’ai jamais reçu autant de demandes » – Jérôme Largeau (Entreprise Largeau)

Au cœur de la crise sanitaire, les Français ont eu plus de temps pour réfléchir à leur projet de maison bois, notamment les maisons en rondins. Résultat : les carnets de commande des constructeurs en Nouvelle-Aquitaine se remplissent. Pour autant, la filière doit s’adapter, se réinventer parfois pour faire face à cette forte demande, qui fait augmenter les prix, dans un contexte de pénurie de matières premières. Témoignage de Jérôme Largeau, gérant de l’entreprise Largeau.

« Après une année 2020 très correcte, le carnet de commande pour l’année 2021 est déjà complet. L’année dernière, j’ai eu la chance de pouvoir maintenir l’activité à peu près normalement pendant toute la période de confinement. Nous avons poursuivi la préfabrication de nos commandes, mais je n’ai pas pu envoyer des équipes en déplacement. Donc rien n’a été livré et nous avons pris du retard. Par chance, les gens qui font construire des maisons en rondins sont des gens compréhensifs. Ma clientèle est ainsi et ça se passe bien.

Maisons en rondins : un tiers de demandes en plus

Au mois d’avril, ça va faire 22 ans que j’ai commencé à faire des maisons en rondins et jamais je n’ai reçu autant de demandes qu’en ce moment , environ un tiers de plus par rapport à d’habitude.  C’est pareil pour mes collègues qui proposent aussi du rondin. C’est impressionnant. Beaucoup de ces contacts se transforment en contrats. Ce sont des projets très différents de l’un à l’autre : je passe d’un projet de construction de 25m², un petit logement en bord d’étang près de chez moi, à celui d’une très grande maison de 300m² habitables qui verra le jour en 2022. Mon métier, c’est d’empiler du rondin, quel que soit le projet, c’est ça qui me plaît.

Nous terminons aussi deux chantiers de particuliers initialement prévus pour 2020. En parallèle, j’ai signé pour une grosse résidence principale, de 200m² habitables, en région parisienne. Le client m’a expliqué que le confinement l’avait aidé à affiner son projet de maison bois. C’est comme ça qu’il en est venu à vouloir une maison en rondins.

Un savoir-faire artisanal de plus de 20 ans

Nous faisons tout à la main et la taille est la même pour tous les bois. Bien sûr, le prix au m² n’est pas le même selon que l’on taille un rondin pour une maison de 25m² ou de 300m², en raison des aménagements à y faire et du temps passé à sa fabrication. Pour préfabriquer la maison de 200m² qui partira pour la région parisienne, il nous faudra un peu plus de quatre mois, à trois. Après, sur place, pour le remontage, la préparation de la couverture, la pose des menuiseries extérieures, il faudra encore compter deux mois.

Je travaille avec du Douglas de Corrèze. Ma priorité, c’est d’acheter du bois autour de chez moi. Les bois que je choisis ont une cinquantaine d’années, voire plus en fonction des coupes et de l’altitude où je vais les prendre. On peut encore trouver des parcelles avec de très gros Douglas, des bois dominés qui ont souffert à chercher la lumière et à monter. Les marchands de bois savent exactement ce dont j’ai besoin. Sur mes devis, j’affiche un diamètre standard, 36-37cm.  Il a été déterminé par un thermicien au moment de la mise en place de la RT 2012. Mais c’est le client qui décide s’il veut des bois plus fins, plus gros, plus typés nord-américains ou  plus réguliers.

Depuis peu, les prix ont légèrement augmenté. Les professionnels des scieries de l’Est, qui traditionnellement ont du bois chez eux, commencent à en acheter jusque chez nous. Qui dit plus de demandes, dit augmentation des prix. Mais je suis tranquille : En Haute Corrèze, à côté du plateau des Millevaches, on a du Douglas en quantité et en qualité ! ».

Propos recueillis par Mireille Mazurier – Source : Architecture Bois Magazine N°104

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