Rendez-vous international de la sylviculture et de l’exploitation forestière, le salon Forexpo est pour le moment maintenu malgré l’épidémie de coronavirus Covid-19 qui touche la France. Il se déroulera les 17, 18 et 19 juin à Mimizan, dans les Landes. Interview exclusive d’Éric Dumontet, directeur de Forexpo.
Forexpo : un programme en forêt maintenu
Architecture Bois : Malgré l’épidémie liée au Covid-19 et l’annulation de nombreux événements professionnels et grand public, Forexpo maintient son édition 2020 aux dates initialement prévues, est-ce que l’organisation en est bouleversée ?
Éric Dumontet : Pour le moment, le programme initial est maintenu. Forexpo est un événement international, qui accueille des personnalités de la filière bois et de la sphère politique, donc nous restons bien sûr attentifs à l’évolution de la crise. S’il faut envisager un report en raison d’un confinement plus long que prévu, nous le ferons de la manière la plus responsable possible, en concertation avec les entreprises exposantes. Pour autant, comme le second tour des élections municipales est annoncé au plus tard en juin, nous pensons être cohérents. Le plus gros de la crise devrait être passé, à ce moment là. Forexpo est au trois quart complet. Les exposants ont pour l’instant confirmé leur participation quand d’autres s’inscrivent. Ils veulent être là, pour rebondir le plus rapidement possible.
Cette crise ne risque-t-elle pas d’avoir un fort impact sur l’activité économique de la filière bois ?
E.D : Comme dans tous les secteurs, cela risque de marquer un temps d’arrêt. Mais il y aura forcément un rebond après, le tout est de savoir quand. Nous avons la chance d’être une filière bien vue des consommateurs. Nous cultivons l’idée de proximité, d’économie circulaire, de transformation d’une ressource locale. Cet acquis reste en temps de crise, comme une valeur refuge. C’est une chance, économiquement.
La formation et l’emploi, grand thème de l’édition 2020
Cette année, l’accent sera mis sur l’emploi et la formation, quels sont les besoins dans la filière ?
E.D : Les secteurs de la sylviculture et de la construction sont en plein développement avec un fort besoin de main d’œuvre. Paradoxalement, ce sont des métiers qui parlent peu aux jeunes parce que la filière n’a pas menée suffisamment de communication autour de son évolution technologique. Il faut leur montrer que travailler en forêt n’est plus associé à l’image d’Épinal du bûcheron avec sa chemise à carreaux, la hache à l’épaule, qui exécute un travail pénible. Ce sont des métiers où les nouvelles technologies se systématisent, avec des matériels de coupe et des engins connectés, des suivis d’exploitation qui se font par drones ou encore des contrôles qualités réalisés avec des outils d’intelligence artificielle. Ce sont aussi des métiers au contact de la nature, avec une forte dimension écologique. En bref, des métiers d’avenir !
Quelles sont les animations prévues pour attirer les étudiants ?
E.D : Forexpo a une tradition de partenariat avec les écoles forestières. Nous accueillons par exemple le concours de débardage pendant lequel concourent des élèves présélectionnés dans les écoles centres de formation forestiers de la région Nouvelle-Aquitaine. Sur une série de quatre épreuves, les 8 participants doivent montrer leur rapidité et leur habileté avec les machines notamment, pour se qualifier pour la finale du vendredi. Ce concours est pris très au sérieux par les jeunes qui peuvent alors se challenger dans un esprit bon enfant. Nous avons aussi prévu des sessions de job dating pour ceux qui sont en fin d’études ou déjà dans la vie professionnelle et qui voudraient nouer des contacts. Enfin, nous accueillerons la première manche de qualification au championnat de France du Stihl Timbersports®. Une dizaine d’athlètes s’affronteront autour de 6 disciplines le vendredi. Épreuves à la hache, au passe-partout, à la tronçonneuse de série et à la tronçonneuse de compétition surpuissante, cela promet un beau spectacle !
Forexpo : un salon de l’innovation forestière
Quelles sont les nouveautés attendues sur le salon ?
E.D : Forexpo est une vitrine de l’innovation sylvicole. Nous observons par exemple un mouvement de fond, en faveur d’une filière plus responsable, privilégiant les circuits courts. Plus globalement, le développement de nouveaux matériels certes plus compétitifs mais aussi plus en phase avec les enjeux environnementaux. La première machine forestière hybride sera par exemple présentée sur le salon, de nouveaux matériels innovants pour un reboisement plus respectueux des sols… Nous aurons aussi des démonstrations de drone, utiles notamment pour la gestion de parcelles forestières inaccessibles, avec une projection d’images en temps réel sur grand écran.
Combien de visiteurs attendez-vous ?
E.D : Nous attendons 450 exposants pour un peu moins de 30 000 visiteurs. Notre objectif n’est pas d’augmenter ce nombre mais qu’il y ait plus de qualité, de services et de satisfaction. Le salon est un rendez-vous passerelle entre les professionnels et le grand public. Il est fait pour exposer les matériels, signer des contrats et favoriser les échanges en toute convivialité.
Propos recueillis par Claire Thibault – Photo de Une : Éric Dumontet, directeur du salon © Forexpo
La filière bois en Nouvelle-Aquitaine
2 ,8 millions d’hectares
34 % du territoire occupé par la forêt
10 millions de m3 fournis à l’industrie
56 000 emplois
10 milliards d’euros de chiffre d’affaires.
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