Inscrite dans une démarche de réflexion sur la densité urbaine, Tourcoing s’est laissé séduire par le coup de crayon des architectes de l’Atelier 9.81. Geoffrey Galand et Cédric Michel apportent le bois dans la ville, revisitant au passage les codes de l’habitat individuel. Découvrez Les Maisons d’Hélios.
Implantées sur le site de La Cotonnière, une ancienne zone textile industrielle, les Maisons d’Hélios se sont développées dans le cadre d’un partenariat ville/bailleur. Ce projet social locatif livré en juin 2012 s’inscrit dans la convention ANRU (1) de Tourcoing et se distingue par ses maisons mitoyennes, logements BBC en structure bois, concept unique en son genre en Nord-Pas-de Calais.
Pour Vilogia, le bailleur, les 26 logements se présentent comme un programme expérimental axé sur une problématique de densification urbaine et de développement durable, prémices du futur éco-quartier. A cela s’ajoute une double réflexion, la première, insérer l’opération dans un contexte particulier et la seconde portant sur l’architecture.
De ce point de vue, les élus et la population se sont laissé convaincre et séduire par les idées engagées de l’Atelier 9.81. « On souhaitait expérimenter l’art de vivre ensemble, proposant ce projet comme une alternative à l’individualisme. Ce projet questionne les notions du bien vivre ensemble » explique Cédric Michel, l’un des associés.
Sur une parcelle de 7 500 m², deux typologies de logements cohabitent. D’une part, des maisons duplex T5 groupées de 94,51 m² ; d’autre part, des logements intermédiaires T3 superposés de 70,27 m². Associés en rangs de 3 à 6 entités, ces logements sont tous idéalement orientés pour capter les apports solaires. Exceptés les T3 à l’étage, tous disposent d’un jardin privatif matérialisé mais non clôturé. « L’idée, c’était véritablement d’offrir un espace extérieur aux locataires mais sans réellement les isoler. Nous avons préféré maximiser les espaces verts partagés » développe l’architecte.
Des serres-tampons entre les logements BBC
Dans le même principe, pour un gain de place et pour minimiser les nuisances, les aires de stationnement abritées sont communes, disposées le long de la venelle centrale. Discrets, fonctionnels, et accessibles, ces “carports” en douglas se fondent parfaitement dans le paysage, s’effaçant au profit des maisons, marquées par un rez-de-chaussée bardé de Mineralis (Eternit) et d’un étage ligné en tasseaux de mélèze.
Bardés de manière identique, les volets, une fois ouverts, participent au déploiement des façades. Harmonieux, le projet l’est jusqu’aux clôtures, renfermant un écrin de verdure éco-conçu. Mais au-delà de l’architecture, les Maisons d’Hélios, certifiées H&E profil E, répondent surtout au qualificatif logements BBC, label Effinergie® avec un seuil maximum de 65 kWh/an/m² en raison de la zone climatique et l’altitude (RT 2005).
Pour cela, les architectes ont « associés des dispositifs architecturaux et techniques » pour aider les locataires à réduire leurs dépenses énergétiques, sans réduire ni leur confort ni leur bien-être. Chaque logement bénéficie ainsi d’un chauffage performant (plancher chauffant en rez-de-chaussée et radiateurs à robinets thermostatiques à l’étage) utilisant la géothermie collective sur sonde verticale reliée à une pompe à chaleur commune.
L’isolation en laine minérale, particulièrement soignée, complète le dispositif. Mais c’est la serre de chaque maison qui joue le rôle le plus important sur la réduction des dépenses énergétiques. A la fois jardin d’hiver et pièce d’appoint, les serres-tampons entre les logements (qualités thermo-acoustiques) avec ballons thermodynamiques, relèvent d’un véritable concept bioclimatique.
L’hiver, préchauffé par le soleil, l’air est ventilé à l’intérieur des maisons alors que l’été, de larges brise-soleil régulent la température grâce à une VMC double flux directement branchée sur les serres. Profitant gratuitement à tous les locataires, les eaux pluviales sont récupérées partiellement pour l’entretien des espaces verts et pour alimenter l’aire de lavage de voiture via un système de récupération sur le toit végétalisé des “ carports ” et par infiltration (noue en fond des jardins). Conjugaison parfaite, l’opération s’est vu récompensée, remportant, l’année dernière, le Premier Prix régional des Territoires en Mutation et Futurs imaginés.
Texte : Laurène Delion
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