Maisons passives en bois : « Tout s’est emballé l’année dernière avec la crise sanitaire » – Patrick Barrière (Easywood)

Adaptation à la crise sanitaire de la Covid-19, prise en compte du changement climatique, difficultés d’approvisionnement…  Les professionnels de la construction bois sont en première ligne pour relever les grands défis de ce siècle. Chaque mois, ils nous donnent leur vision de l’évolution du marché et de leur entreprise. Le point, en région Occitanie avec Patrick Barrière, gérant d’Easywood et constructeur de maisons bois passives à Toulouse.

« Je suis débordé. Tout s’est emballé l’année dernière avec la crise sanitaire. Depuis, j’enchaîne les devis et les chantiers, extensions, maisons individuelles, surélévations. Rares sont les gens qui veulent quitter l’endroit où ils habitent et 60% des projets que l’on m’apporte sont des extensions.

Des architectes spécialisés dans les maisons bois

Quel que soit le projet, je travaille toujours avec des architectes. Ceux que je contacte ont appris à connaître le bois. Ce n’est pas si fréquent. En 20 ans, j’ai eu le temps de me spécialiser dans la construction de maisons bois passives. Mais il est rare qu’un client me demande d’aller jusqu’à la labellisation qui représente un budget supplémentaire conséquent.

Si les envies de la clientèle ont évolué au fil des années, leurs connaissances en construction bois se sont renforcées. Le fait, par exemple, que les bardages que je propose soient issus de forêts et d’entreprises locales, ne les laissent pas indifférents.

Je réalise de la belle construction dont le budget, entre 1900€ et 2500€ le m², n’est pas forcément accessible aux primo-accédants. D’autant qu’il faut rajouter le coût du terrain. Autour de Toulouse, les belles parcelles de plus de 1000m² se font de plus en plus rares. Il faut s’éloigner pour en trouver.

Dans la région, la sécheresse crée de plus en plus de mouvements de sol. C’est devenu vraiment visible au cours de ces trois dernières années : les sols se dessèchent en profondeur, et les fondations des maisons bougent, d’autant plus lorsqu’il s’agit de constructions anciennes ou traditionnelles.  Il est vrai qu’une maison bois est beaucoup plus adaptée à ce type de climat.

Je ne dis pas que la structure ne va pas travailler, mais une maison bois pèse, en moyenne, 12 fois moins qu’une maison en dur. Posée sur des pieux, la structure va donc moins travailler et les fondations ne seront pas contraintes de la même manière. Sous réserve que ces mouvements ne soient que de quelques millimètres, sans mettre en danger le bâtiment, le bois offre un autre avantage. Il s’agit, cette fois, d’un atout d’ordre esthétique, car une maison en bois ne se lézarde pas, contrairement à une maison classique.

«Faire du sur-mesure, c’est aussi prévoir et s’adapter »

Qui dit sécheresse, dit aussi forte chaleur. Aujourd’hui, le système d’isolation que j’ai mis en place, donne de très bons résultats avec 36cm de fibre de bois en toiture et au sol et 24cm dans les murs. C’est épais et performant. Mais avec des périodes de chaleur plus longues, je m’interroge pour, peut-être, passer de 36cm à 40cm.

La plupart des bâtiments que je réalise sont en toit plat, recouvert d’une membrane EPDM, en pneus recyclés, dont la durée de vie atteint facilement 50 ans.  Mais elle enregistre entre 20 et 30°C de plus qu’une tuile parce que la surface est noire. Pour l’instant, toutes mes habitations ont parfaitement résisté, aussi bien aux canicules qu’aux périodes de grand froid. Ce qui confirme leur qualité d’habitat passif, d’autant que sur le plan énergétique, les factures sont très légères. Pour autant, il faut regarder en avant. Faire du sur-mesure, c’est aussi prévoir et s’adapter ».

Propos recueillis par Mireille Mazurier – Source : Architecture Bois N°103

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