Inauguré en janvier dernier, l’immeuble en bois à Londres, Black & White, construit en ossature bois, lamibois et CLT, se distingue comme un véritable ovni dans le paysage architectural londonien. Cet immeuble en bois à Londres se démarque non seulement par son esthétique contemporaine, mais également par son engagement envers la durabilité et l’efficacité énergétique.
D’une hauteur de 17,8 m et d’une superficie de plus de 4 480 m² cet immeuble de bureaux de 6 étages a été conçu par l’agence Waugh Thistleton Architects (WTA). « Aujourd’hui, il existe peu d’immeubles à ossature bois dans le centre de Londres. Cette réalisation envoie un message fort au secteur du bâtiment en démontrant que des alternatives viables existent à l’utilisation massive de béton et d’acier », déclare Andrew Waugh. Le bâtiment est une démonstration exemplaire de conception bas carbone avec une empreinte de seulement 256 kg CO2/m2, si l’on inclut le CO2 séquestré dans le bois.
Selon l’agence d’architecture, la conception de l’immeuble et l’utilisation optimisée de tous les matériaux biosourcés ont permis de réduire les émissions de 37 % par rapport à une structure équivalente en béton. Dans ce quartier de Shoreditch, dans l’Est londonien, le Black and White a été construit sur un terrain très morcelé, une parcelle exiguë entourée par d’autres bâtiments existants. Situé à proximité de la City où la valeur locative est élevée, l’enjeu était de concevoir une structure porteuse en bois à la fois résistante et peu encombrante pour dégager le maximum de surface de bureaux disponible.
L’agence Waugh Thistleton y parvient avec une structure hybride qui associe un système poteaux-poutres en lamibois (LVL en Hêtre BauBuche) avec des panneaux CLT en Épicéa. Au total, c’est un volume de 1 330 m3 de bois résineux et feuillus certifiés PEFC, qui est utilisé pour fabriquer la structure. Le choix du Lamibois BauBuche s’explique par ses qualités techniques et mécaniques de haut vol. Selon Toby Ronalds, ingénieur structure, « le lamibois BauBuche est 2,9 fois plus résistant que le lamellé-collé en compression et en flexion, car le hêtre est plus dense et plus résistant et sa disposition en fines couches crée un produit plus solide. Ce qui permet de gagner à la fois de l’espace et de la hauteur sous plafond ».
Autre atout du LVL en Hêtre, sa composition permet de l’entailler sans difficulté, contrairement au bois lamellé-collé. Ainsi, des encoches ont été prédécoupées, en usine, pour faciliter le passage des réseaux. Pour réduire la hauteur des étages, les poutres sont partiellement encastrées dans les dalles de plancher en CLT. Visuellement, compte tenu de l’échelle du bâtiment, l’ossature bois semble très fine et se rapproche d’une structure en acier. « Les colonnes sont plus faibles que l’acier » confirme l’ingénieur structure, « mais l’ensemble du bâtiment est plus léger qu’une structure métallique avec des planchers en béton, ce qui permet d’obtenir une charpente en bois assez proche de l’échelle d’une charpente métallique ».
Chaque élément de l’ossature est préfabriqué au millimètre près. L’assemblage sur site s’est effectué en 16 semaines monopolisant une équipe de 6 à 8 personnes en fonction des phases du chantier. « Par rapport aux méthodes de construction conventionnelles, vous gagnez 4 à 6 mois de délais de chantier », explique l’architecte Andrew Waugh. À l’intérieur, la structure porteuse peu encombrante, a permis de de dégager de grands plateaux open-space, sans murs de refend, qui peuvent facilement s’adapter à différents besoins.
Le studio de design Daytrip a divisé l’espace en 28 bureaux de différentes tailles ainsi que six salles de réunion, des zones de détente, des cabines insonorisées et un studio de yoga au rez-de-chaussée qui peut être loué. Tout a été conçu pour que le bâtiment puisse être démonté si besoin, en fin de vie plutôt que démoli. L’agence WTA vise une certification BREEAM Outstanding.
Texte : Mireille Mazurier – Photos : Ed Reeve and Fred MacGregor