Le manque de bois pose question

A l’heure d’une règlementation environnementale plutôt favorable au matériau bois en construction, à l’heure où les chantiers de maisons individuelles en bois se démultiplient à travers le territoire, à l’heure où les constructeurs engrangent les signatures de projet et que la foret augmente… le roi de la fête semble vouloir faire défaut… 

Pénurie de bois en France

Depuis cet été, bien des producteurs de Pin du Nord ont dévié leurs livraisons de la route qui les menaient chez nous, pour les envoyer au-delà de l’océan, et desservir les chantiers étasuniens en rupture de matière première (pour des raisons à la fois d’incendies de forêt, d’infestation de coléoptères et droits de douane canadiens trop élevés).

La majorité des bois pour la fabrication de structure est importée

D’où cette question : avons-nous vraiment besoin d’accorder la quasi exclusivité de nos chantiers au Pin du Nord ? Nos forêts de Douglas, de Sapin, d’Epicéa, mais aussi de feuillus de qualité, comme le Chêne, le Hêtre, et le Peuplier, ne donnent-elles pas assez, pas assez bien, pour s’intégrer dans nos chantiers ? En d’autres termes, pouvons-nous compter sur nos forêts pour fournir ces produits biosourcés préconisés pour la construction

En 30 ans, le territoire de la forêt française a augmenté de 20%. Mais son exploitation est à parfaire. « Chez nous, il faudrait déjà arriver à extraire les gros sapins de nos forêts », « faciliter les assemblages de différentes espèces », « recréer des grandes scieries industrielles », « pouvoir proposer des bois bien secs ». Autrement dit, la forêt est bien présente, mais les structures, les moyens pour l’exploiter au mieux, semblent faire défaut.

La foret française à les ressources

Nous pourrions nous appuyer sur nos propres ressources de résineux et poursuivre l’utilisation de CLT made in France, par exemple. Encourager le développement des bois de structure en feuillus pour contrebalancer l’utilisation des résineux dans un secteur qui en fait majoritairement l’utilisation. Ceux-ci représentent moins de 30% de la forêt française et sont donc largement importés d’Europe du Nord et de l’Est pour faire face à une demande croissante. Or, les bois feuillus constituent plus de 70% de la surface forestière française. 

L’innovation et la structuration de la filière bois, un enjeu pour le futur

Récemment, du Hêtre, sorti des forêts de Seine-Maritime, transformé en lamellé-collé au sein d’une entreprise normande, a été certifié apte à un usage en structure. Le saviez-vous : les feuillus ont une résistance bien supérieure à celle des résineux. Résultat, il en faut moins pour obtenir les mêmes valeurs. Les organismes de R&D, comme l’ENSAM de Cluny, l’ENSTIB d’Epinal s’y intéressent depuis plusieurs années. La recherche bouge jusque dans les secteurs connexes, ceux des fixations, des colles, qui travaillent à des produits adaptés pour bois de feuillus.

En quelques années, la filière bois nationale a accompli un énorme travail sur la voie de la structuration. La diversité de la forêt française est un atout que l’on doit valoriser dans les divers usages du bâtiments. Entre le réchauffement climatique qui va mener à une modification du paysage forestier, et une règlementation environnementale qui apporte une nouvelle visibilité du bois en construction, les professionnels de la filière forêt-bois n’ont plus de temps à perdre.

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